Le Mémorial de la Shoah propose des ateliers pédagogiques au LFHED
Forte d’une convention de partenariat depuis 2015, l’AEFE encourage une meilleure connaissance de l’histoire de la Shoah et des autres génocides du XXe siècle. C’est pour lutter contre toutes les formes d’intolérance aujourd’hui que des ateliers pédagogiques ont été proposés par les enseignants du LFHED à leurs élèves du 12 au 15 février 2024. L’opération « Hors les murs » du Mémorial de la Shoah de Paris a ainsi bénéficié à deux classes de CM2, une classe de 6e, deux classes de 3e et une classe de Terminale au LFHED.
Grâce aux médiateurs venus spécialement de Paris pour l’occasion, les élèves ont pu travailler sur des questions historiques mais aussi citoyennes. L’atelier sur « le sport à l’épreuve des discriminations : des Jeux Olympiques de Berlin en 1936 à nos jours » accordait une large place aux destins de sportifs et sportives qui se sont engagés dans la lutte contre toutes formes de discriminations. Les itinéraires d’Alfred Nakache, de Jesse Owens et Luz Long ou encore de Kathrine Switzer, la première femme à courir un marathon malgré les interdits, ont suscité de nombreuses questions.
Les élèves de CM2 ont par ailleurs travaillé sur l’atelier « Joseph, Jean, Claude et les autres » pour apprendre l’histoire d’enfants Juifs cachés en France. La place des femmes a aussi été mise à l’honneur lors d’un atelier en 3e : ces « Femmes en résistance » étaient agents de liaison, convoyeuses d’évadés ou d’enfants juifs, médecins. En s’attachant à décrire les actions de cinq figures de résistantes, les élèves se sont aussi initiés à la recherche historique.
Parallèlement à ces ateliers se tenait un stage de formation dédié aux enseignants d’histoire-géographie des Lycées français de la zone d’Europe du Sud-Est. Des mises à jour scientifiques ont été proposées par un panel d’experts sur les questions d’histoire et de mémoire des atrocités de masse pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale mais aussi en ex-Yougoslavie (Jean-Yves Le Naour, Frédéric Sallée, Jean-Arnault Dérens). Après une définition du concept de génocide par Bernard Bruneteau, professeur émérite de l’université de Rennes, des ateliers de mises en œuvre pédagogiques ont été travaillés par les enseignants sur le génocide arménien ou encore sur le génocide des Tutsis au Rwanda avec Juliette Bour, doctorante à l’EHESS.
L’histoire locale a aussi légitimement trouvé une place : Odette Varon-Vassard, historienne athénienne francophone et francophile, nous a fait l’honneur de sa présence. Historienne de la Résistance et de la Shoah, sa conférence a permis de revenir sur l’histoire et la mémoire des Juifs de Grèce occupée pendant la Seconde Guerre mondiale. Occultée pendant 40 ans, cette mémoire ressurgit depuis les années 1990 et fait l’objet de séminaires soutenus notamment par le musée juif d’Athènes et le Ministère de l’Education grec. Des lieux de mémoire sont aussi redécouverts et étudiés progressivement : c’est le cas du camp de Chaidari. Camp de transit pour les Juifs, de torture et d’exécution pour les communistes, les enseignants stagiaires ont visité de manière très exceptionnelle le bloc 15 dédié notamment à l’isolement des Juifs des îles Ioniennes, de Larissa ou de Volos notamment.
Cette visite a trouvé un écho particulier le surlendemain au LFHED. L’atelier pédagogique sur les « Génocides et lieux de mémoire » proposé aux élèves de Terminale a souligné la nécessité impérative des lieux de mémoire. Ils marquent en effet une histoire tragique, dans l’espace et le paysage, mais aussi dans l’univers mental des femmes et des hommes d’aujourd’hui.
Tiphaine Jones