Alphonse Spadaro, Prêtre de l’Archidiocèse Catholique d’Athènes
Alphonse Spadaro, Prêtre de l’Archidiocèse Catholique d’Athènes

"Cher(e) élève du L.F.H,

Je serai vraiment heureux si mon message pouvait s’avérer utile pour toi.

J’étais, moi aussi, élève du LFH, pour 14 années entières. On dirait que c’était à peine hier que j’empruntais ces couloirs, que je m’asseyais sur ces bancs et que je jouais au foot sur ces mêmes terrains, lors des récréations.

Quand bien même j’ai obtenu mon baccalauréat en 2005, c’est comme si c’était hier. Je me souviens porter, par-ci, par-là, mon cartable plein de livres, que ce soit dans le froid de l’hiver ou avec la sueur de l’été. Je me suis souvent plaint, dans ma tête, au sujet de toutes ces épreuves du quotidien. En effet, souvent, il ne me fallait pas soulever uniquement le poids des livres mais aussi celui de nombreuses épreuves intérieures. Ce sont, plus ou moins, les poids que nous sommes tous appelés à soulever. Le poids du stress de l’avenir, le poids de la patience qui est mise à l’épreuve.

Si ce que je décris dans ces quelques premières lignes te semble familier, je voudrais t’apaiser en te disant que ce sont des choses tout à fait normales et, d’autre part, je voudrais te souhaiter de t’armer d’encore plus de force car les épreuves (tout comme les joies) composent de manière imprévisible ce mystère qu’est la vie humaine. Heureusement, la vie ne nous laisse pas seuls et on peut le voir sur le visage de nos amis, sur ceux de nos proches qui nous font sourire en dépit des difficultés de chaque jour. Souviens-toi que, n’étant pas tout-puissant, l’être humain ne perçoit les choses que par l’intermédiaire des contradictions du devenir (comme dirait le philosophe Héraclite). Il comprend qu’il est heureux, précisément parce que des épreuves ont précédé. Ainsi, l’être humain apprend à apprécier ce que la vie lui offre, sans considérer que cela lui est dû.

C’est ainsi que je me sens, en ce moment. Je ressens de la gratitude envers cette réalité qu’est mon école. De la gratitude pour ces expériences si nombreuses que j’ai assimilées au fil de tous ces ans, pour le savoir que j’ai reçu et, surtout, pour les personnes que j’ai connues : les amis, les professeurs, les surveillants, toutes ces personnes qui travaillent dans notre école et dont je garde un souvenir particulièrement enrichissant.

On peut dire que la forme de notre propre vie est composée des personnes que la vie place sur notre chemin.

C’est pourquoi nos professeurs ne nous transmettent pas uniquement leur savoir mais aussi leur intérêt personnel (d’où le terme de « personne ») pour nous, afin de nous permettre de recevoir ce savoir.

Ainsi, autant que possible, ne soyons pas sévères à leur égard et n’oublions pas que tous les hommes ont des défauts mais aussi des qualités. Apprenons donc à pardonner, pour être en harmonie avec cette vérité.

Apprenons à distinguer le bon dans chaque réalité, dans chaque personne, car, en fin de compte, c’est ce qui demeure, tandis que, tout le reste, à un moment donné, passera.

C’est donc mon vœu pour toi, chère, et cher, élève : pouvoir, à l’avenir, regarder le passé avec gratitude pour tout ce que tu as reçu dans la vie ainsi que pour les sacrifices des personnes grâce auxquelles ces dons sont arrivés dans ta vie.

Comme dirait saint Augustin, la présence éternelle des souvenirs que l’on conserve en soi présage et prépare la vérité éternelle qui se révèlera pour chacun d’entre nous.

Quant à moi, comme je l’ai dit, j’ai achevé mes études au LFH en 2005.

Ressentant une impulsion spirituelle en moi, j’ai pris la décision de reconsidérer ce que j’avais timidement pensé dès mon jeune âge : dire oui au Seigneur et lui consacrer ma vie en devenant prêtre.

Ainsi, après avoir été reçu comme séminariste de l’Archidiocèse catholique d’Athènes par notre Archevêque, on m’envoya en novembre de la même année au séminaire des Pouilles, en Italie du Sud, dans la ville de Molfetta, une banlieue de Bari. Le séminaire est un lieu de vie en commun, une sorte de communauté monastique, dont le but est d’aider le jeune à comprendre si la voie du sacerdoce est bien la sienne, si c’est sa vocation. C’est précisément pour cela que la préparation dure au moins six ans, avant que le séminariste ne regagne son archidiocèse pour être ordonné prêtre par son archevêque.

J’y ai séjourné pour huit ans (2005-2013). Toutefois, si l’on me posait la question tout au début de mon séjour, l’on constaterait que je n’étais pas certain de pouvoir y rester, pas même pour les premiers mois.

Et, pourtant, huit ans sont passés (les deux derniers correspondent aux études de maîtrise que j’ai effectuées à Bari, sur l’œcuménisme du christianisme).

C’étaient huit années difficiles, mais pleines de beaux précieux vécus et qui ont composé la meilleure préparation en ce moment unique pour moi où l’Archevêque catholique d’Athènes m’ordonna prêtre. Voyez-vous, chers élèves, la vie se réalise car nos projets pour elle ne sont pas uniquement les nôtres. Nos projets font toujours partie de ceux de quelqu’un d’autre, qui nous transcende, les projets que la vie a pour nous et qui sont supérieurs à nos angoisses ou à nos craintes et qui, d’une certaine façon, nous font avancer et nous donnent la force de poursuivre.

C’est également pourquoi l’on dit que la vie est une vocation. C’est l’appel de la vie qui s’adresse à chacun d’entre nous séparément, pour que l’on voit se révéler les projets que la vie avait pour nous et que nous seuls, n’étions pas en mesure de prévoir. Ainsi, chaque moment de bonheur en est un précisément parce qu’il est imprévisible, car il vient comme un cadeau, comme une grâce. Souvent, l’on veut être le dieu de notre propre vie et nous voudrions pouvoir prévoir chaque seconde, être les maîtres de notre vie. Mais, cela n’est pas possible et, même si ça l’était, ce n’est pas cela qui nous rendrait heureux. C’est pourquoi, il ne faut jamais se décourager, même si les choses ne vont pas comme vous le projetiez, même si, pour une raison quelconque, l’avenir ne vous est pas encore clair et précis. Tout ce qu’il faut, c’est faire preuve de patience et de persévérance à cultiver les qualités que la vie vous a offertes et, la vie sait toujours mieux quand le moment est venu de faire la lumière sur la destinée de toute chose.

Enfin, en te remerciant pour le temps consacré à cette lecture, cher(e) élève, je te souhaite plein de force, de bien étudier, de ne jamais laisser tomber et que tout ce que tu entreprennes dans ta vie soit couronné de succès."

p. Alphonse Spadaro
Prêtre de l’Archidiocèse Catholique d’Athènes
 

P.S: Si vous souhaitez me contacter, vous pouvez le faire par courriel, à l’adresse alfonso.spadaro@libero.it

 

  • 2005 : Obtention du baccalauréat au LFH
  • 2005 à 2011 : Etudes de philosophie et de théologie à l’Institut de Théologie des Pouilles, « Regina Apuliae», à Molfetta (Italie du Sud).
  • 2011 à 2013 : Études de maîtrise sur l’Œcuménisme du christianisme, à l’Institut de Théologie «San Nicola» de la ville de Bari (Italie du Sud).
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